Je vous ai dit que ne n'arrivais plus à lire? ça fait du caca boudin dans ma tête..merci à toutes les drogues que je prends pour essayer de calmer une douleur qui résiste rien que pour m'emmerder.....parce qu'elle est plus forte que moi et que toute les saloperies que j'ingère pour la faire disparaître....Elle me dit quelque chose cette douleur, j'en suis sure...je paye quelque chose ..mais quoi? qu'elle me le dise au moins cette douleur ce que j'ai bien pu faire pour la mériter..car, quand on sait, c'est quand même plus facile à accepter...Tiens ! tu me dis;"dans une autre vie tu as été un bourreau, un être infâme qui a commis des crimes impardonnables....." ben, rien que de le savoir, j'accepte déjà un peu mieux...car j'me dis, qu'il faut bien payer un jour...... Mais elle ne me dit rien cette salope, elle se contente de me distiller chaque jour sa dose de brûlures infâmes.....elle se contente de me tirer des larmes amères, elle ricane de mes essais minables pour la faire disparaître, elle me donne parfois un répit...de plusieurs jours, juste le temps de me rappeler combien c'était bon, avant.....et elle revient, comme une énorme vague qui anéantirait tout sur son passage, une vague qui me laisse pantoise, anéantie, sans force......
Bon, je n'étais pas venue parler de ma douleur ! excusez moi! ça m'a échappé !! Ce matin, j'ai pris un livre que l'homme venait de m'acheter et je me suis évadée pour quelques heures.....
Je partage avec vous ces quelques pages, qui m'ont fait un peu oublier tout le reste.......
"Nous sommes remontés en voiture sans échanger un mot. Carine a sorti une lingette d'alcool de son vanity pour se désinfecter les mains..
Carine se désinfecte toujours les mains quand elle sort d'un lieu public.
C'est à cause de l'hygiène.
parce que Carine, elle voit les microbes.
Elle voit leurs petites pattes velues et leur horrible bouche.
C'est la raison pour laquelle elle ne prend jamais le métro d'ailleurs...elle n'aime pas les trains non plus.Elle ne peut s'empêcher de penser aux gens qui ont mis leurs pieds sur les fauteuils et collé leurs crottes de nez sous les accoudoirs.
Elle interdit à ses enfants de s'asseoir sur un banc ou de toucher les rampes d'escaliers.Elle a du mal de les emmener au square.Elle a du mal à les poser sur un toboggan. Elle du mal avec les plateaux des macdo et elle a beaucoup de mal avec les échanges de cartes Pokémon. Elle déguste avec les charcutiers qui ne portent pas de gants......
Vivre, pour elle, est une occupation harassante.
Toujours se laver les mains.Toujours se laver la bouche. toujours pisser en équilibre dix centimètres au-dessus de la lunette et embrasser sans y poser trop les lèvres.Toujours juger les mamans à la couleur des oreilles de leurs mômes.
Toujours.
Toujours juger.
D'ailleurs dans la famille de Carine, on a vite fait de se déboutonner au milieu du repas et de parler des Arabes. le père de Carine, il dit "les crouilles"
le père de Carine il dit: "je paye des impôts pour que les crouilles fassent dix gamins."
Il dit;"j'te foutrais ça dans un bateau et je te torpillerais toute cette vermine, moi..."
Il aime bien dire aussi :" La France est un pays d'assistés et de bons à rien. Les Français sont tous des cons."
et souvent, il conclut comme ça: " Moi, je travaille les six premiers mois de l'année pour ma famille et les six autres pour l'Etat, alors qu'on ne vienne pas me parler des pauvres et des chômeurs, hein! moi, je travaille un jour sur deux pour que M'Bamboula puisse engraisser ses dix négresses alors qu'on ne vienne pas me faire des leçons de morale !"
Je pense à un déjeuner en particulier.Je n'aime pas m'en souvenir. j'ai honte et je ne suis pas la seule. ma soeur Lola et mon frère Vincent ne sont pas fiers non plus, j'imagine...
Simon, notre frère, mari de Carine, n'était pas là quand la conversation a dégénéré. Il était au fond du jardin et construisait une cabane à son fils.
il doit avoir l'habitude , lui. Il doit savoir qu'il vaut mieux s'éloigner du gros Jacquot son beau père quand il se débraguette...
Simon est comme nous: Il n'aime pas les engueulades de fin de banquets, redoute les conflits et fuit les rapports de force. Il prétend que c'est de l'énergie mal employée et qu'il faut garder ses forces pour des combats plus intéressants. Que des gens comme son beau-père sont des batailles perdues d'avance..
Et quand on lui parle de la montée de l’extrême droite, il secoue la tête:"Bah...C'est la vase au fond du lac. C'est obligé, c'est humain. Allez...N'y touchons pas...ça la fait remonter à la surface..."
J'ai honte, car nous nous sommes écrasés ce jour là. Nous nous sommes encore écrasés. Nous n'avons pas relevé les propos de cet épicier enragé qui ne verra jamais plus loin que son lointain nombril.
Nous ne l'avons pas contredit. Nous ne nous sommes pas levés de table. Nous avons continué de mastiquer lentement chaque bouchée en nous contentant de penser que ce type était un connard et en tirant fort sur toutes les coutures pour tâcher de nous draper encore dans ce qui nous tenait lieu de dignité.
Pauvres de nous. Si lâches, si lâches....."
Voilà.......C'était juste un petit extrait........J'ai eu envie de l'écrire, car j'ai vécu ces interminables repas de famille chez les beaux-parents....avec les mêmes propos tenus à table....Les premières fois, je me suis rebellée, j'ai discuté, tempêté, essayé de les faire changer d'avis....et puis, je me suis tue...Pendant des années, j'ai serré les poings, suis rentrée chez moi avec l'estomac barbouillé et j' y suis retournée....Car, c'est la famille, et qu'on se doit de faire des choses, même si ça nous rend malade.....
Un jour, deuxième fils, 17 ans, est venu se joindre à nous....d'ordinaire il se débrouillait pour éviter ce genre de pensum....En plein milieu du repas, l'inévitable discussion est arrivée sur le tapis...(voir plus haut, ce sont pratiquement les mêmes termes....) et alors, deuxième fils s'est levé, les a toisés...et est parti.....Il n'a rien dit, mais son regard voulait tout dire.....
Et j'ai été fière de mon fils.....et comme par miracle, tout le monde s'est arrêté de parler...Il y a eu un grand silence....Mon coeur battait, et je me disais, si un seul de ces cons ouvre la bouche pour se plaindre, jamais plus il ne me reverront...
Personne n'a moufté....